330 GT Registry

300 chevaux
au service
du vrai grand tourisme

LA FERRARI
330 G.T.

La Ferrari 330 G.T. fut présentée le 11 janvier 1964 à Modène et devait constituer par la suite la grande nouveauté du dernier Salon de Bruxelles.

Partant, elle voulait avoir le rare privilège d’être une véritable Grand Tourisme avec tout ce que cette appellation impose quant au mariage confort-performance.

Une G. T., certains constructeurs l’oublient d’ailleurs beaucoup trop souvent, est par définition la délicate synthèse de très nombreuses qualités qui doivent en totalité pouvoir se fondre dans le creuset de l’agrément de conduite.

Pour l’audacieux créateur, la tâche est donc délicate.

Il faut pouvoir disposer d’une mécanique brillante à adapter sur une carrosserie qui doit réunir luxe et originalité. L’ensemble susceptible de rouler sinon entre toutes les mains, doit néanmoins pouvoir se confier à une clientèle n’ayant pas été nécessairement formée à l’école des circuits. Ferrari, le plus grand parmi les grands de l’automobile, en s’attachant à remplacer la 2+2 par la 330 G.T. allait avec cette nouvelle voiture tenter de respecter ce difficile postulat. Voici nos impressions.

Lorsque l‘on doit essayer bon an, mal an, une cinquantaine de modèles, prendre le volant d’une voiture pour nouvelle qu’elle soit, ne suscite en général qu’une curiosité relative, parfois même teintée d’une ombre d’indifférence. C’est du reste la conséquence logique résultant d’une lassitude imprimée au fil des kilomètres par la bonhommie paisible, par le manque de personnalité des voitures actuelles qui, dans une grande majorité, ne sont en fait que de tristes engins de liaison.

Il existe, heureusement, encore quelques modèles qui dissipent rapidement toute amertume encore que leur prix puisse faire naître un respect craintif lorsqu’il faut prendre leur volant.

S’installer dans la Ferrari 330 G.T. c’est, bien sûr, songer à son prix d’achat 78900 F mais c’est aussi et surtout s’abandonner à un envoûtement voisin de l’extase dès l’instant où son moteur de 12 cylindres vous rappelle qu’il y a sous le capot 300 vrais chevaux alimentés par 3 Weber double corps.

On a , certes, en découvrant cette voiture, la nette impression d’avoir affaire à un engin hors série mais le dessin de sa carrosserie, qui est signé Pininfarina, est d’un classicisme rigoureux se conformant à notre sens un peu trop aux canons de la mode actuelle. Surtout lorsque l’on songe à la personnalité, à l’aspect exceptionnel de la mécanique dissimulée sous cette carrosserie qui, notons-le, ne porte pas trace de la plus petite faute de goût.

Précisons encore que l’appellation 330 doit son origine à la cylindrée unitaire du moteur, 330 x 12 cylindres 3960 cc en ajoutant, pour les plus taquins, que la cylindrée totale exacte est de 3967 cc.

Cela dit, la transmission est assurée par une boîte à 4 rapports auxquels il faut ajouter une overdrive fonctionnant uniquement sur la prise directe à partir d’un petit levier sous le volant. L’embrayage est du type monodisque à sec alors que le pont est autobloquant.
Les freins avant et arrière sont à disque, ils sont commandés par deux circuits indépendants, l’un et l’autre assistés.

Côté suspension, on trouve à l’avant des roues indépendantes et des ressorts hélicoïdaux ainsi qu’une barre stabilisatrice. A l’arrière, l’essieu est rigide et l’on relève la présence de ressorts hélicoïdaux et semi-elliptiques.

La carrosserie se monte sur un châssis-cadre. Cette voiture est un coupé 2 portes, 4 places.

4 places assez discutables d’ailleurs lorsque le siège du conducteur est reculé en position extrême. Mais ici, nous n’accordons à cette remarque qu’une importance secondaire car les besoins de transports familiaux, mêmes rapides n’ont jamais exigé 300 chevaux et 12 cylindres.

Les sièges sont enveloppants mais le dossier manque peut- être d’un peu de moelleux tout au moins pour un gabarit aussi osseux que le nôtre. Quant au passager, il souhaiterait rencontrer une poignée de maintien.

La position au volant est bonne, cette mention est valable pour les instruments de tableau de bord et pour le pédalier.

On aimerait néanmoins que la course de la pédale d’embrayage soit un peu moins longue. Le levier de changement de vitesses est bien à la portée de la main.

Mais assez de bavardage et en route !

Il est 17 h et la perspective d’une traversée complète de Paris, avec une telle réserve de puissance, n’est pas sans nous effrayer quelque peu. Mais c’est ici, que, déjà cette voiture nous surprend. La souplesse docile de ce 12 cylindres est étonnante et l’on arrive même à rouler en 4 dans les embarras de la capitale.

L’échappement tempère très efficacement les velléités des 300 ch. On est donc tenté d’écrire, gabarit mis à part, que la Ferrari 330 G.T. est une excellente voiture de ville.

Sur la route, deux comportements que l’on nuance à loisir grâce au bon échelonnement de la boîte de vitesses et aux aptitudes du moteur à reprendre sur les bas régimes.
On peut donc s’en donner à cœur joie avec l’extraordinaire réserve de puissance dont on dispose, ou bien adopter un 140-160 km/h « bourgeois ».

C’est, pour notre part, au premier mode de conduite que nous avons donné notre choix. Pour cela il faut ouvrir l’œil et le bon car l’excellent silence de marche de cette voiture rend le 200 à l’heure accessible à tous sans repère particulier si ce n’est la rapidité avec laquelle on arrive sur l’obstacle.

La conduite rapide, très rapide, de la Ferrari 330 G.T. n’est pas, à vitesse égale, aussi hasardeuse que sur la plupart des voitures qui peuvent lui être comparées dans le domaine de la performance. Jusqu’à 180 km/h, on roule absolument en toute décontraction. Passé ce chiffre, qui est en quelque sorte la vitesse de croisière de la voiture, on remarque une légère tendance au louvoiement, dès l’instant où le revêtement vient à présenter quelques inégalités.

A cette seule remarque s’oppose un lot homogène de qualités remarquables, surtout en ce qui concerne a tenue de route. La Ferrari 330 G.T. est sous-vireuse en virage serré, ‘elle est presque neutre en très grande courbe avec, peut-être, une légère disposition au sur- virage, encore que ce comportement ne soit pas systématique. Tout cela s’assimile d’ailleurs très rapidement en raison de la grande puissance dont on dispose sur à peu près tous les régimes. Cette sécurité par la puissance est encore plus précieuse lorsqu’il faut doubler.

Quant au freinage, il est efficace. On ne saurait toutefois trop faire appel au concours de la boîte de vitesses lorsque l’on veut ralentir énergiquement au-dessus de 180 km/h.

Quoi qu’il en soit, avec un peu d’application et la grande envie d’utiliser toutes les ressources de cet extraordinaire 12 cylindres, on arrive en toute sécurité, au milieu du trafic normal et sans violer l’esprit de ce livre remarquable qu’est le Code de la Route, à réaliser des moyennes assez ahurissantes. Nous avons pu, par exemple, rallier Troyes à 122 km/h alors que nous n’en étions qu’au stade de la prise en mains. Dans ces conditions assez inhabituelles, notre consommation a été de 29 L aux 100 km. Plus raisonnable par la suite nous avons relevé 19,5 L aux 100 km.

La plus grande vitesse maximale que nous ayons pu atteindre, sur route sur la base de 1 kilomètre, a été de 228 km/h, le compteur indiquait alors 245 km/h. Le peu de temps pendant lequel nous avons pu disposer de cette voiture ne nous a pas permis de relever d’autres mesures. Nous avons simplement constaté que, départ arrêté, la voiture franchissait la borne du kilomètre à plus de 200 km/h.

Volant en bois, levier de vitesses au plancher, compte-tours, manomètre de pression d’huile, thermomètres d’eau et d’huile, évoquent sur la 330 G.T. les origines sportives de cette voiture, heureux mélange d’un luxe discret et de cette chaleur latine qui est exclusivité des constructeurs transalpins.	Le dessin de la carrosserie de la 330 G.T. est l’œuvre de Pininfarina. A n’en pas douter l’apport des doubles phares bien qu’ajoutant une certaine note d’élégance à l’aspect frontal atténue quelque peu sa personnalité. Il est vrai que la mode l’emporte désormais sur la tradition puisque Rolls lui-même a adopté cette disposition. On notera toutefois l’importance réservée sur la calandre au “cavalino rampante” emblème célébré de la marque.	Vues de l’arrière les 4 sorties d’échappement indiquent assez clairement les prétentions de la 330 G.T. dans le domaine de la performance. La grande lunette arrière et le dessin discret des feux viennent confirmer l’impression de modernisme raffiné que Ferrari s tenu à Imposer à sa voiture. On ne retrouve jamais en effet sur celle-ci la moindre trace de cette sensation de monstre des voitures de compétition.

Voilà donc résumée rapidement, trop rapidement peut- être, la merveilleuse impression retirée de cette voiture. A toutes les qualités énoncées ci-dessus, n’omettons pas de signaler un confort de suspension excellent qui accentue le véritable caractère Grand Tourisme de cette voiture.

Ferrari a eut le grand mérite de ne pas construire une fausse voiture de Grand Tourisme (genre Porsche 904) plus destinée à la compétition qu’à une véritable utilisation routière, Ce label qui devrait être le diplôme de la voiture de super prestige, rapide, sûre, la Ferrari 330 G.T. le possède. Avoir su le gagner sur les circuits et le rendre plein de séduction docile à l’usager, c’est même en 1964 plus qu’un exploit, une exclusivité.

J.-P. THEVENET

Tout dans le poste de pilotage de la Ferrari 330 G.T. a été orienté vers le endort un confort luxueux et fonctionnel.	12 cylindres en V, 3 carburateurs Weber double corps, permettent à la Ferrari 330 de développer 30 vrais chevaux. On notera l’importance du filtre à air.

La collaboration de nos équipes qui a suscité un vif intérêt tant parmi nos lecteurs que parmi les auditeurs de Radio Monte-Carlo se poursuit. Les émissions comportent des discussions de confrontations de points de vue entre J.-P. Thévenet et J.-P. Colas, avec la collaboration de C. Moity pour tout ce qui touche le sport Deux fois par mois, des émissions sont uniquement consacrées aux essais.
Outre les essais, les nouveautés automobiles, des informations sur les deux-roues ainsi que divers sujets intéressant tous ceux que passionne l’automobile, des échos et des conseils, seront diffusés le samedi de 17 h 30 à 18 h sur 205 m, 49,71 m et 42,01 m.